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TOUT SAVOIR DE LA PÉRI/MÉNOPAUSE

Vivez plus sereinement votre ménopause grâce aux informations disponibles sur notre blog :

gestion des symptômes, avancées sur les traitements hormonaux, alimentation, etc.

Les progestatifs et les tumeurs cérébrales type méningiomes : Ce que vous devez savoir

Depuis le début des années 2000, plus d'un millier de cas de méningiomes, une forme de tumeur cérébrale du cerveau ont été attribués à des traitements prolongés utilisant des progestatifs, les dérivés de la progestérone. Cette dernière étant largement utilisée pour traiter des conditions telles que l'endométriose, l'infertilité, les troubles menstruels ainsi que… la ménopause. Faisons le point sur les progestatifs concernés, et les recommandations actuelles.


Dans cet article, vous trouverez des réponses datant de Mars 2024 concernant les points suivants :


Qu'est-ce que les progestatifs ?

Les progestatifs sont des hormones synthétiques ou naturelles qui imitent l'action de la progestérone, une hormone produite naturellement par le corps. Ils sont souvent utilisés en combinaison avec les œstrogènes dans le THS pour aider à réguler le cycle menstruel et prévenir la croissance excessive de l'endomètre. 

Dans le cadre de la ménopause, les progestatifs sont souvent administrés en combinaison avec les œstrogènes dans le traitement hormonal de substitution afin de soulager les symptômes tels que les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil, sautes d'humeur, etc. 


Qu’est ce que le méningiome ? 

C’est une une forme de tumeur au cerveau qui peut provoquer de lourds handicaps (non mortel). 9 personnes sur 100 000 sont susceptibles de développer un méningiome chaque année. Il représente plus d’une tumeur cérébrale sur trois ; c’est la tumeur cérébrale la plus courante à partir de 35 ans.


Des études qui alertent depuis 20 ans 

Les préoccupations concernant les risques associés aux progestatifs, en particulier leur lien avec les tumeurs cérébrales, sont soulevées depuis le début des années 2000. Plusieurs études ont montré une corrélation entre l'utilisation à long terme de certains progestatifs (plus d’un an) et une augmentation du risque de développer des tumeurs cérébrales, notamment des méningiomes.

Des recherches antérieures avaient révélées que l'utilisation prolongée et à des doses élevées de trois progestatifs spécifiques :

- l'acétate de cyprotérone (Androcur) à une dose de ≥ 25 mg/jour, 

-le chlormadinone (Lutéran) à une dose de 2 à 10 mg/jour

-le nomégestrol (Lutenyl) à une dose de 3,75 à 5 mg/jour 

accroissait considérablement le risque de développer un méningiome. 

Ces conclusions avaient conduit à l'émission de recommandations concernant l'utilisation de ces médicaments et la nécessité d'une surveillance régulière par imagerie cérébrale chez les patientes les prenant… Et encouragé les femmes françaises à se rabattre sur le Colprone : de 10 000 à plus de 30 000 consommatrices en trois ans.


Quels sont les progestatifs concernés ?

C’est tout l’objet de l’étude menée par Epi-Phare, en association avec l’AP-HP, rendue publique en juillet 2023 et publiée le 28 mars 2024 dans le BMJ.

Le cas de 18 061 femmes âgées de 45 à 74 ans, avec une moyenne d'âge de 58 ans, ayant subi une chirurgie pour un méningiome entre 2009 et 2018 en France, a été étudié, en même temps qu’un groupe de 90 305 femmes témoins. 

Les résultats révèlent que :

  • L'utilisation prolongée (d'un an ou plus) de médrogestone (Colprone) est associée à un risque 3,5 fois plus élevé de méningiome nécessitant une intervention chirurgicale par rapport aux témoins. Pas de risque accru pour les femmes traitées pendant moins d’un an, SAUF si elles ont utilisé un autre progestatif à risque avant de passer au Colprone

  • L'utilisation prolongée de l'acétate de médroxyprogestérone injectable (Depo Provera) est associée à un risque multiplié par 5,6. 

  • Le risque est multiplié par 2 lors des expositions prolongées à la promégestone (Surgestone), qui n’est plus commercialisée en France depuis 2020.

  • L’étude n’a pas révélé de risque de méningiome pour une utilisation de moins d'un an de ces trois progestatifs et en l’absence d’exposition préalable aux trois progestatifs cyprotérone, nomégestrol et chlormadinon.

  • Les expositions à la progestérone par voies orale/intra-vaginale ou percutanée (Utrogestan et génériques) et à la dydrogestérone (Duphaston) n’ont pas été significativement associées à un sur-risque de chirurgie de méningiome intracrânien. 

  • Les résultats concernant les DIU au lévonorgestrel (stérilets hormonaux Mirena, Donasert, Kyleena et Jaydess), un contraceptif largement utilisé, sont très rassurants et en faveur de l’absence de risque de méningiome.

  • Pour les autres progestatifs utilisés seuls : Diénogest, Visanne et génériques, drospirénone (Slinda) et désogestrel (Cérazette et génériques) l’étude épidémiologique n’a pas pu étudier le risque de méningiome, par limite méthodologique et antériorité insuffisante dans les bases de remboursement de l’Assurance Maladie. Pour ces progestatifs, le risque de méningiome n’est donc pas connu et ne peut être exclu à ce jour. Des études complémentaires sur le risque de méningiome associé à ces progestatifs sont nécessaires notamment au regard de leur utilisation croissante.   



Quelles sont les recommandations de l’ANSM ?

  • En cas d’antécédent de méningiome ou de méningiome existant, l’introduction d’un traitement progestatif est contre-indiquée, sauf exception à évaluer en réunion de concertation pluridisciplinaire (constituée de gynécologue et/ou endocrinologue et neurochirurgien) sur la base du rapport bénéfice/risque individuel pour les personnes traitées et de la présence ou non d’alternatives thérapeutiques ;

  • La prescription d’un nouveau progestatif en relais d’un traitement antérieur par acéate de cyprotérone, de  chlormadinone  ou de nomégestrol n’exclut pas le risque de méningiome, sans que l’on puisse pour le moment le déterminer. Il est nécessaire, avant toute nouvelle prescription ou switch entre progestatifs, de vérifier l’ensemble des progestatifs déjà utilisés et leur durée d’utilisation ;

  • Le traitement doit être prescrit à la dose minimale efficace avec une durée d’utilisation la plus courte possible ;

  • L’intérêt à poursuivre le traitement doit être réévalué régulièrement (tous les ans), notamment aux alentours de la ménopause, le risque de méningiome augmentant fortement avec l’âge ;

  • Une IRM cérébrale devra être réalisée en cas de signes cliniques neurologiques évocateurs d’un méningiome (maux de tête, troubles de la vision, du langage, de la mémoire et de l’audition, nausées, vertiges, convulsions, perte de l’odorat, faiblesse ou paralysie).



Je vous invite à lire l’ensemble des recommandations pour chaque type de progestatif juste ici



Pourquoi c’est un scandale médical ? 

> Encore une fois, la question du fossé entre la gestion médicale de la santé des femmes et celles des hommes se posent. POURQUOI n’y a t il pas davantage de fonds alloués aux études médicales concernant les conséquences possibles de ces médicaments sur notre santé ? 


> En France, des victimes de l’Androcur et d’autres progestatifs poursuivent l’état en justice, et notamment l’agence du médicament, pour avoir tardé à informer correctement les patientes des risques malgré les nombreuses alertes. Un scandale qui ressemble fort aux cas du Mediator et de la Dépakine

« Ce n’est que sur la période octobre 2018-2020, alors que plus de 20 publications étaient parues sur le sujet et que plus de 500 cas de méningiomes chez des patients traités par acétate de cyprotérone avaient été déclarés (ce qui est énorme au vu de l’incidence très faible des méningiomes) que les mesures adaptées ont été prises avec un plan de gestion des risques », relève le rapport d’expertise.

> Au delà de la ménopause , le Depo Provera, un contraceptif injectable, est relativement peu utilisé en France (5 000 personnes concernées), MAIS son utilisation est extrêmement répandue dans le monde, avec  74 millions de femmes dont - il fallait s’y attendre - la plupart viennent d’un milieu social  très défavorisé, vivant dans des pays en voie de développement (13 sur 74 millions de femmes vivent en Indonésie, je vous laisse imaginer les conséquences potentiellement désastreuses de l’apparition de ces tumeurs chez ces femmes.) 


Enfin, soyons rassurées (non), dans un communiqué relayé par The Guardian, le fabricant du Depo Provera, Pfizer, reconnaît être conscient de ce risque et annonce qu'il va « mettre à jour les notices des produits.» On croit rêver.




Pourquoi c’est VRAIMENT agaçant ? 

Parce que j’ai envie d’avoir confiance dans la science, que je suis à priori pour la prise d’hormones dans le cas où les symptômes seraient trop handicapants pendant la ménopause, mais que ! ENCORE UNE FOIS, les défaillances des labo pharmaceutiques, de l’État, et le manque de mise à jour des connaissances médicales concernant la santé de la femme nous retombe dessus. 

ENCORE UNE FOIS, il nous incombe d’être mieux renseignées que des professionnel.le.s pour gérer notre santé, avec le risque toujours plus accru de se laisser berner par des contenus complotistes qui pullulent sur le net, et pour celles qui choisissent de ne pas utiliser de traitements hormonaux, de dépenser une somme considérable - non remboursée par la sécurité sociale - autour de compléments ou d'approches paramédicales qui n’ont pas toujours de preuve scientifique de leur efficacité. 


Comment faire bouger les lignes ? 

Première étape : en parler ! La ménopause est un sujet profondément politique, il est temps de faire sortir ce sujet des sphères intimes et que nos responsables prennent la mesure des coûts liés au tabou autour de ce sujet, et plus globalement autour de la santé de la femme. Selon un rapport du Forum économique mondial datant de fin 2023, la moindre prise en charge de notre santé par rapport à celle des hommes coûte 1 000 milliards de dollars (920 milliards d'euros) par an.

Avec le vieillissement généralisé de la population et l'extension de la durée de vie, nous allons passer pratiquement la moitié de notre vie sans hormones, il serait temps de se poser sérieusement sur cette problématique.  

La parole se libère petit à petit, des podcasts émergent, des femmes politiques prennent la parole. Et nous aussi, avec Balance ta ménopause : on est là. 

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