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Quand on parle de traitement hormonal “bio-identique” de la ménopause, on parle de quoi ex

THM : comprendre le traitement hormonal de la ménopause
(effets, risques, usage)

Le traitement hormonal de la ménopause (THM), parfois appelé THS, est probablement le sujet le plus utile… et le plus mal compris.
Entre croyances héritées des années 2000, marketing autour des “hormones naturelles”, conseils contradictoires et manque d’information médicale accessible, la plupart d'entre nous ignorons ce que le THM fait réellement, les contre-indications, comment il se prend concrètement.

Cette page a donc un objectif simple : vous donner une information claire, factuelle et applicable, pour vous permettre de discuter du THM avec votre médecin et prendre les décisions éclairées pour votre santé.

🔍 Vous cherchez une réponse précise ?

Il est possible que vous arriviez ici depuis un ancien article (bio-identique, comment appliquer le THM, faut-il le prendre, etc.). Pour vous éviter de scroller toute la page, voici un accès direct aux sections correspondantes. Chaque section s’ouvre dans la même page, vous pouvez revenir ici à tout moment.
 

👉 Qu’est-ce qu’un THM bio-identique ?

👉 Comment appliquer gel, patch, spray (gestes exacts) ?

👉 Faut-il prendre un THM ?

👉 Risques réels et chiffres

👉 Effets attendus et délais

👉 Quelles sont les contres-indications ?

👉 Quels sont les examens demandés par un médecin ?
👉 Les questions les plus posées

1. QU'EST-CE QUE LE TRAITEMENT HORMONAL (THM) ?

Quand la ménopause s’installe, les ovaires arrêtent progressivement la production d’œstrogènes et de progestérone.
Ce déficit hormonal provoque entre autres :

  • bouffées de chaleur

  • sueurs nocturnes

  • troubles du sommeil

  • douleurs articulaires

  • sécheresse vaginale

  • irritabilité, anxiété

  • troubles cognitifs légers (attention, vitesse mentale)

  • perte osseuse accélérée

Le THM consiste donc à remplacer une partie de ces hormones, à une dose ajustée ET personnalisée, pour soulager les symptômes et prévenir certaines complications (notamment l’ostéoporose).​​

1.1. Les grandes lignes scientifiques (NAMS, EMAS, GEMVI)

Les sociétés savantes internationales convergent aujourd’hui sur plusieurs points essentiels concernant le traitement hormonal de la ménopause (THM). Les données des 20 dernières années sont cohérentes et permettent une lecture beaucoup plus nuancée que celle qui a marqué les années 2000.
 

Voici ce que les recommandations scientifiques actuelles retiennent :
 

✔ Le THM est le traitement le plus efficace pour les symptômes vasomoteurs

Bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, troubles du sommeil et irritabilité améliorent souvent nettement avec un dosage adapté.

✔ Le THM protège la densité osseuse

Il réduit le risque d’ostéoporose et de fractures, ce qui en fait une option clé pour la santé à long terme.

✔ Les formes transdermiques sont privilégiées

Les gels, patchs et sprays contournent le foie et entraînent moins de risques veineux que les formes orales.
Cette distinction voie orale / voie cutanée est essentielle mais encore trop peu connue.

✔ La progestérone bio-identique est mieux tolérée

L’Utrogestan®, progestérone micronisée bio-identique, est associée à :

  • moins d’effets secondaires,

  • une meilleure tolérance,

  • un profil de risque potentiellement plus favorable que certains progestatifs de synthèse.

✔ Le meilleur moment pour commencer

Les données sont très claires : le rapport bénéfice/risque est optimal quand le THM est initié dans les 10 ans suivant la ménopause, ou avant 60 ans. Au-delà, les risques cardiovasculaires augmentent.

Le basculement anti-hormones : pourquoi a-t-on
si peur du THM ?

En 2002, une étude issue de Women’s Health Initiative (WHI) est publiée aux États-Unis. Elle observe une augmentation du risque de cancer du sein, d’accidents cardiovasculaires et de phlébites chez des femmes prenant un ancien type de traitement hormonal de la ménopause, composé d’œstrogènes équins et d’un progestatif de synthèse, administrés par voie orale.
Les médias amplifient immédiatement le message et retiennent uniquement l’idée que le traitement hormonal serait dangereux. Ce que l’on oublie alors, c’est que les participantes de l’étude étaient en moyenne âgées de 63 ans, souvent en surpoids, éloignées de la ménopause, et qu’elles recevaient des formulations et des dosages qui ne sont plus utilisés aujourd’hui. Cette absence de nuances provoque un effondrement des prescriptions et l’installation d’une peur durable autour du traitement hormonal.
 

Dans ce contexte, l’autorité américaine du médicament, la Food and Drug Administration (FDA), décide d’apposer un Black Box Warning sur les traitements hormonaux. C’est l’avertissement le plus strict possible sur un médicament aux États-Unis. Pour le grand public, ce signal équivaut à présenter le traitement comme intrinsèquement risqué, quel que soit l’âge ou le profil de la femme qui l’utilise.

Les vingt années suivantes apportent pourtant une compréhension beaucoup plus précise de ce traitement : les données montrent que les risques sont bien plus faibles qu’on ne l’avait cru, qu’ils dépendent fortement de l’âge auquel le traitement est commencé, que la voie transdermique (gel, patch, spray) présente un meilleur profil de sécurité que la voie orale, et que la progestérone bio-identique est mieux tolérée que les progestatifs de synthèse. Autrement dit, l’étude de 2002 ne décrivait pas le risque du traitement hormonal dans les conditions actuelles d’utilisation.
 

En 2025, la FDA retire ce Black Box Warning.
Elle reconnaît que cet avertissement n’était plus adapté aux connaissances scientifiques, qu’il alimentait une peur disproportionnée, et qu’il a contribué à priver des millions de femmes d’un traitement potentiellement bénéfique. Ce retrait ne signifie pas que le traitement hormonal est sans risque. Il signifie qu’il doit être expliqué correctement et adapté à la situation individuelle de chaque femme, plutôt que rejeté en bloc. En clair, nous quittons une période dominée par la peur pour revenir à une information fondée sur les données scientifiques actuelles.

2. LES HORMONES BIO-IDENTIQUES

Le mot “bio-identique” est souvent utilisé comme argument marketing. Sa définition scientifique est simple :

Une hormone bio-identique a la même structure moléculaire que l’hormone humaine.

Ça ne veut pas dire “naturel” ni “sans danger”.

2.1. Comment sont-elles fabriquée ?

  • À partir de précurseurs végétaux (soja, igname sauvage).

  • Transformées en laboratoire jusqu’à obtenir la même molécule que l’œstradiol ou la progestérone humaine.
     

2.2. En France, les traitements sont déjà bio-identiques

Patch d’estradiol = bio-identique
Gel d’œstradiol = bio-identique
Utrogestan = progestérone bio-identique

​​

2.3. Et les hormones bio-identiques américaines ?

Aux États-Unis, certaines pharmacies (appelées compound pharmacies) vendent des préparations “sur-mesure” .
La FDA (Food and Drug Administration), autorité sanitaire fédérale des États-Unis qui régule notamment la mise sur le marché des médicaments, rappelle régulièrement que :

  • les dosages sont parfois imprécis

  • les produits ne sont pas standardisés

  • l’efficacité n’est pas toujours démontrée

  • les risques ne sont pas toujours maîtrisés

👉 BREF : rien à voir avec les produits encadrés et standardisés utilisés en France.

3. COMMENT SE PREND CONCRÈTEMENT LE THM ?

Le traitement hormonal de la ménopause n’est jamais un produit en libre-service. Il est prescrit par un ou une médecin après évaluation de :

  • vos symptômes,

  • vos antécédents personnels et familiaux,

  • votre utérus (présent ou non),

  • vos facteurs de risque cardiovasculaires et veineux,

  • vos préférences (voie orale, cutanée, rythme).

Le THM n’est pas une hormone “unique”. Il associe toujours deux questions :

  1. Comment apporter des œstrogènes pour soulager les symptômes ?

  2. Comment protéger l’utérus avec une progestérone, sauf pour les femmes hystérectomisées, où la question est discutée au cas par cas.

La grande majorité des recommandations internationales (NAMS, EMAS, GEMVi) encouragent l’utilisation :

  • d’œstrogènes transdermiques (gel, patch, spray)

  • associés à de la progestérone bio-identique (Utrogestan) quand l’utérus est présent

Cette combinaison semble mieux tolérée, avec un meilleur profil de sécurité que certains traitements plus anciens par voie orale. Alors, comment le met-on, où, en combien de temps cela sèche, et que faut-il éviter ?
 

3.1. Les œstrogènes en gel (Estrogel, Estréva…)

C’est l’une des formes les plus utilisées en France, car le dosage est facile à ajuster et la tolérance est généralement excellente. Application : une fois par jour, sur peau propre et sèche, si possible en respectant le même horaire.


Les zones recommandées pour l'application sont :

  • l’intérieur des avant-bras

  • l’extérieur ou l’intérieur des bras

  • le ventre

  • la face interne des cuisses

On évite toujours la poitrine, les muqueuses, le visage, les zones irritées ou fraîchement rasées. Le geste compte autant que la dose.​​​​​​​​​​​​​​

Comment appliquer son traitement ?

1. Sur une peau propre et sèche, sans crème, huile, déodorant ou parfum.
2. Déposez directement la pression de gel sur l’avant-bras, jamais dans la main.
3. Étalez avec l’autre avant-bras, en mouvements longs et réguliers.
4. Couvrez une zone large (environ deux paumes de main).
5. Ne massez pas jusqu’à disparition complète : lissez, c’est tout.
6. Laissez sécher 2 à 5 minutes avant de s’habiller.
7. Évitez tout contact peau-à-peau prolongé pendant 1 heure (enfants, partenaires, animaux).

Hydratants, parfums, SPF : dans quel ordre ?

Toujours :

  1. Le gel d’abord

  2. Attendez 10 minutes minimum

  3. Puis appliquez votre crème hydratante ou crème solaire
     

Pour les peaux sensibles

Certaines femmes réagissent localement. Dans ce cas :

  • privilégiez le ventre ou les cuisses

  • évitez les zones fines

  • consultez si la peau reste rouge, chaude, ou irritée après plusieurs applications

​​

"Finir” le gel sur les rides autour des lèvres, c'est une bonne idée ?

Certain·es gynécologues le conseillent parfois, mais attention : cette pratique n’est pas validée par les dermatologues.
Elle repose sur une logique physiologique plutôt que sur des données solides.

Pourquoi certains médecins le suggèrent ?

Parce que localement, les œstrogènes ont un effet biologique bien documenté :

  • ils augmentent la production de collagène,

  • ils épaississent légèrement l’épiderme,

  • ils améliorent la vascularisation,

  • ils améliorent l’élasticité des tissus.

En théorie, cette application pourrait donc atténuer les ridules péribuccales (le fameux code-barres) qui apparaissent à cause de la chute hormonale. C’est cette intuition clinique (pas un protocole officiel donc) qui explique pourquoi certains praticiens le recommandent.
 

Pourquoi ce n’est pas conseillé officiellement ?

Parce que dans la pratique, les inconvénients dépassent les bénéfices potentiels :

  1. La peau du visage est plus fine et plus réactive
    → irritations, rougeurs, réactions cutanées possibles.

  2. Risque de taches pigmentaires (mélasma)
    Les œstrogènes appliqués localement peuvent favoriser la pigmentation.
    → Sans protection solaire rigoureuse, le risque de taches foncées autour de la bouche est réel.

  3. Risque de transfert hormonal
    → Sur un enfant, un partenaire, ou même un animal si on embrasse la zone.
    C’est faible, mais pas négligeable.

  4. Aucune étude solide ne démontre l’efficacité de cette application “esthétique”
    Il n’existe ni dosage précis, ni protocole validé, ni évaluation des risques cutanés à long terme. Ce flou scientifique explique l’absence de recommandation officielle.
     

Sur le papier, l’idée peut sembler logique, mais dans la réalité, les risques sont plus clairs que les bénéfices. Si malgré tout vous souhaitez tester : protection SPF 50 teintée obligatoire, tous les jours !

3.2. Les patchs d’œstrogènes

Les patchs assurent une diffusion continue de l’hormone, avec un rythme simple : on les change deux fois par semaine, toujours les mêmes jours.
Zones possibles d'application :

  • bas-ventre

  • hanche

  • fesse
     

Comment les poser correctement ?

  • Sur une peau propre et sèche

  • sans huile ni crème (jamais juste après une douche chaude)

  • appliquer fermement 10 secondes

  • alterner les zones pour éviter l’irritation

  • éviter la taille (beaucoup de frottements)

Les dosages varient de 25 à 100 µg/24h : là encore, c’est le médecin qui ajuste selon vos symptômes.

 3.3. Le spray d’œstrogènes (Lenzetto)

  • sur la face interne du bras ou l’avant-bras

  • 1 à 3 pulvérisations selon la prescription

  • laissez sécher 2 minutes

Comme pour le gel → évitez le contact type peau à peau avec d’autres personnes pendant 1 heure.

3.4. Les comprimés oraux

Une prise quotidienne. Ces comprimés sont moins utilisés aujourd’hui, car les œstrogènes oraux peuvent augmenter légèrement le risque de phlébite et embolie, et ils ne conviennent pas à toutes les femmes (poids, tabagisme, antécédents). Ils restent parfois prescrits pour des raisons pratiques ou historiques.

3.5. La progestérone (Utrogestan ou progestatifs)

Si vous avez un utérus, la progestérone est indispensable : elle protège l’endomètre contre l’effet prolifératif des œstrogènes. Elle se prend par voie orale ou par voie vaginale (souvent mieux tolérée), généralement le soir, car elle peut provoquer une légère somnolence.

Deux schémas existent :

  • en continu (tous les jours)

  • en séquentiel (ex : 12 jours par mois, ce qui peut provoquer un saignement “de privation”)

👉 C’est le médecin qui choisit, selon votre profil et vos préférences.

3.6. Et si vous n'avez plus d’utérus ?

C’est le seul cas où la progestérone peut être discutée. L'œstrogène seul peut suffire, mais ce n’est jamais une règle absolue. Cela dépend de votre type d’hystérectomie, de vos antécédents ainsi que de votre risque personnel. D’où l’importance, encore une fois d’une évaluation personnalisée réalisée par un.e professionnel.le de santé.

4. QUELS EFFETS ESPÉRER ?
EN COMBIEN DE TEMPS ?

Le traitement hormonal n’agit pas d’un seul coup. Chaque symptôme répond à son propre rythme, et ces délais varient aussi selon la dose, la voie d’administration, l’âge de début et l’intensité des symptômes de départ.
 

  •  Les premiers effets que la plupart des femmes remarquent concernent les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes : Quand le dosage est adapté, ces symptômes peuvent diminuer en quelques jours, parfois une à deux semaines. C’est souvent le signe le plus visible que le traitement commence à agir. Le sommeil, lui, s’améliore généralement un peu plus tard.
     

  • Les réveils nocturnes deviennent moins fréquents, le sommeil paradoxal revient, l’endormissement est moins chaotique. Selon les études, cela peut prendre entre deux et six semaines.
     

  • Les douleurs articulaires et les sensations de raideur matinale mettent davantage de temps à répondre : il faut souvent entre quatre et douze semaines pour que l’inflammation liée au déficit œstrogénique diminue vraiment.
     

  • La concentration, la clarté mentale et la stabilité émotionnelle évoluent également de manière progressive. Ces symptômes sont multifactoriels : ils s’améliorent à mesure que le sommeil se régule, que la température corporelle se stabilise et que les variations hormonales deviennent moins brutales.
     

  • La sécheresse vaginale et l’inconfort lors des rapports répondent aussi au THM systémique, mais de façon moins spectaculaire que les bouffées de chaleur : la muqueuse vaginale se régénère lentement ; il faut parfois plusieurs semaines ou plusieurs mois. On associe d’ailleurs souvent un traitement local pour accélérer l’amélioration.
     

  • La peau, de son côté, réagit encore plus lentement : l’hydratation s'améliore, la texture devient plus souple, mais le remodelage du collagène est un processus long. Les changements visibles surviennent souvent après plusieurs semaines, parfois davantage, et restent, disons... subtils.
     

  • Et le poids ? La question revient souvent, et c’est normal : autour de la quarantaine, le corps change sa façon de gérer l’énergie. Le THM ne fait pas maigrir, mais il modifie plusieurs mécanismes qui influencent indirectement le poids. Quand les œstrogènes remontent, même légèrement, le métabolisme devient plus stable, le sommeil s’améliore, l’inflammation baisse, et la rétention d’eau diminue. Ces facteurs à eux seuls peuvent casser l’impression de « gonflement permanent » et stopper la prise de poids progressive que beaucoup de femmes constatent avant même la ménopause. À l’inverse, un dosage trop élevé (ou un progestatif mal toléré) peut augmenter temporairement l’appétit ou la rétention hydrique. Ce n’est pas de la graisse, mais une réponse hormonale. Un simple ajustement règle généralement le problème.
    Ce qui change vraiment, et de manière durable, c’est le terrain : un sommeil réparateur, une diminution du stress thermique (bouffées, sueurs nocturnes), moins de douleurs articulaires et plus d’énergie. C’est souvent à partir de ce moment-là que certaines femmes retrouvent la capacité de bouger davantage, de maintenir leur masse musculaire, et donc de stabiliser leur poids. PAS parce que le THM fait fondre quoi que ce soit, mais parce qu’il redonne au corps les conditions pour fonctionner normalement.
    Donc non, le THM ne provoque pas de perte de poids, mais il peut stopper la spirale de prise de poids et restaurer une physiologie plus prévisible, ce qui est souvent déjà un immense soulagement.


Evidemment : ces délais évoqués plus haut sont des moyennes. Certaines femmes sentent un changement en quelques jours, d’autres en un à deux mois. Tout dépend du dosage, de l’état de départ et de la capacité du médecin à ajuster rapidement ce qui doit l’être. Le but n’est pas de « retrouver 30 ans », mais de ramener les fonctions essentielles du corps dans un état stable et confortable. Lorsque les dosages sont adaptés, c’est exactement ce que beaucoup de femmes décrivent : une sensation de retrouver leur “base”, leur énergie, leur sommeil et un rapport plus calme à leurs émotions.


Ce qui n’est pas normal 
Des symptômes qui s’aggravent, des tensions mammaires trop douloureuses, des migraines inhabituelles ou des saignements anormaux doivent conduire à un réajustement. Le THM doit soulager, pas créer un inconfort supplémentaire. 

 

Ce qui aide à suivre l’évolution du traitement

Un petit journal des symptômes est souvent précieux. Il suffit de noter chaque jour l’intensité des principaux symptômes, leur fréquence, l’impact sur votre quotidien et la date des éventuels changements de dose. Cela permet à votre médecin d’ajuster précisément votre traitement, et à vous de visualiser vos progrès.

5. AJUSTER LES DOSAGES ?

Il n’existe pas de “bonne dose” universelle. Il existe uniquement la dose qui soulage vos symptômes sans provoquer d’effets secondaires gênants. C’est un équilibre individuel qui se construit dans les premières semaines.

Un dosage insuffisant se manifeste généralement par la persistance des bouffées de chaleur, des réveils nocturnes fréquents, d’une irritabilité qui ne s’améliore pas ou d’une sécheresse vaginale inchangée. Ce sont des signes que le corps n’a pas encore suffisamment d’œstrogènes pour retrouver sa stabilité.
 

À l’inverse, un dosage trop élevé peut entraîner des tensions mammaires importantes, une sensation inhabituelle de gonflement, une nervosité accrue, des migraines ou des petits saignements. Ces manifestations ne sont pas dangereuses, mais elles indiquent que la dose doit être ajustée. On attend en général entre quatre et huit semaines pour modifier un dosage, le temps que le corps se stabilise. Il est essentiel de ne jamais ajuster seule : un mauvais dosage peut recréer exactement les symptômes que l’on cherche à faire disparaître.
 

Comment on ajuste ?

Dans la pratique, les ajustements se font presque toujours par paliers très progressifs. 

Avec un gel (Estrogel, Estréva), votre médecin peut proposer :
• d’ajouter une demi-pression
• ou une pression complète si les symptômes sont encore très présents
• ou, à l’inverse, d’enlever une demi-pression si les tensions mammaires sont trop fortes.

Avec un patch (Estradot, Climara), on ajuste en changeant :
• le dosage du patch (ex. : 50 → 75 µg)
• ou la fréquence de changement, selon la tolérance.

6. LES RISQUES ASSOCIÉS AU THM

Comme tout traitement, le THM comporte des risques. L’enjeu n’est pas de les nier, ni de les dramatiser, mais de les quantifier et de comprendre de quoi on parle exactement.

Ces risques dépendent de plusieurs paramètres :

  • l’âge auquel le traitement commence,

  • la durée de prise,

  • la voie utilisée (orale ou transdermique),

  • le type d’hormones,

  • le poids, le tabac, les antécédents personnels et familiaux.
     

Le cancer du sein

C’est le risque le plus commenté, souvent sans nuance. Les chiffres qui suivent sont des ordres de grandeur pour des femmes de 50 à 60 ans :

  • Sur 1 000 femmes de cette tranche d’âge, sans traitement hormonal, on observe en moyenne environ 50 cancers du sein sur 10 ans.

  • Avec un THM combiné œstrogène plus progestérone pendant cinq ans, on ajoute environ 2 à 3 cas de plus pour 1 000 femmes.

  • Avec un THM combiné pendant dix ans, on ajoute environ 6 cas supplémentaires pour 1 000 femmes.
     

Autrement dit, le risque existe mais il reste modéré.
 

Point important : le THM ne “fabrique” pas un cancer, il peut favoriser la croissance de cellules déjà anormales. C’est pour cela que la surveillance reste indispensable, avec mammographie et examens réguliers.

À côté du THM, d’autres facteurs pèsent plus lourd sur le risque de cancer du sein : le surpoids, l’alcool régulier, la sédentarité, certains antécédents familiaux. L’idée n’est pas de minimiser le THM, mais de rappeler que ce n’est qu’une pièce du puzzle.
 

Le cancer de l’endomètre

L’endomètre est la muqueuse qui tapisse l’utérus. Les œstrogènes stimulent cette muqueuse. Pris seuls sur la durée, ils augmentent nettement le risque de cancer de l’endomètre, c’est pour cette raison que, chez les femmes qui ont encore leur utérus, on associe toujours une progestérone. Cette progestérone protège l’endomètre et ramène le risque au niveau de base. En pratique :

  • œstrogènes seuls pour les femmes hystérectomisées uniquement,

  • œstrogènes + progestérone pour toutes les autres.
     

Le cancer de l’ovaire

Le risque de cancer de l’ovaire lié au THM existe, mais il reste faible. On parle d’environ un cas supplémentaire de cancer de l’ovaire pour 10 000 femmes exposées pendant un an. C’est l’une des raisons pour lesquelles toute douleur pelvienne inhabituelle, ballonnement nouveau ou troubles digestifs persistants doivent conduire à un avis médical, que l’on prenne un THM ou non.

Les risques veineux : phlébite et embolie pulmonaire

Les œstrogènes pris par voie orale augmentent la coagulation. Cela peut accroître le risque de phlébite (caillot dans une veine de la jambe) ou d’embolie pulmonaire (caillot qui migre vers les poumons). Avec la voie orale, le risque de thrombose veineuse est environ multiplié par deux ou trois par rapport à une femme du même âge sans traitement. Le risque reste faible en valeur absolue, mais il devient important si d’autres facteurs sont présents : immobilisation, surpoids important, tabac, antécédent personnel ou familial de phlébite.


Les données sont très différentes avec la voie transdermique (gel, patch, spray) : les études montrent qu’avec un œstrogène transdermique associé à une progestérone bio-identique, on ne retrouve pas ce sur-risque veineux. C’est l’une des raisons pour lesquelles les sociétés savantes recommandent aujourd’hui les formes transdermiques comme première intention, en particulier chez les femmes à risque.

Les risques cardiovasculaires

Le THM n’a pas le même impact selon le moment où il est commencé. Quand il est débuté tôt, avant 60 ans ou dans les dix années qui suivent la ménopause, les études montrent un profil globalement favorable, avec des bénéfices sur les symptômes, la qualité de vie, la densité osseuse et parfois certains paramètres cardiovasculaires. En revanche, commencer un THM très tard, plus de dix ans après la ménopause, augmente le risque d’événements cardiovasculaires. Le système vasculaire n’est plus dans le même état, les plaques d’athérome sont déjà installées, et le bénéfice devient moins évident. C’est ce que l’on appelle la fenêtre d’opportunité : plus on commence tôt après la ménopause, plus le rapport bénéfice-risque est intéressant.

EN RÉSUMÉ

Le THM n’est ni un traitement anodin, ni une bombe à retardement. Il modifie légèrement certains risques, en améliore d’autres, et tout l’enjeu est d’évaluer ce bilan pour chaque femme, en fonction de son âge, de son histoire médicale et de ses priorités. Ce qui compte vraiment :

  • savoir de quels risques on parle, avec quels chiffres,

  • connaître les options les plus sûres (transdermique, progestérone bio-identique, début précoce),

  • être bien suivie, avec un traitement régulièrement réévalué.

7. QUELLES SONT LES CONTRE-INDICATIONS ?

Le THM n’est pas dangereux pour la majorité des femmes, mais il n’est pas adapté à toutes.
Certaines situations rendent le traitement contre-indiqué, d’autres exigent simplement un avis spécialisé ou une discussion très précise sur le rapport bénéfice-risque.

 

Les contre-indications formelles

Ce sont les cas où un THM systémique (gel, patch, spray, comprimés) ne doit pas être donné.

→ Antécédent personnel de :

  • cancer du sein hormonodépendant

  • cancer de l’endomètre

  • thrombose veineuse profonde ou embolie pulmonaire

  • maladie hépatique sévère (hépatite active, insuffisance hépatique)

  • saignement vaginal inexpliqué

  • maladies cardiovasculaires instables (angor instable, infarctus récent, AVC récent)

Ces situations exigent une prudence absolue parce que les œstrogènes ou la progestérone pourraient aggraver une pathologie déjà présente.

À noter

  • Les antécédents familiaux de cancer du sein ne sont pas une contre-indication en soi. Ils augmentent le risque de base, mais n’interdisent pas forcément le THM.

  • Les femmes ayant une mutation BRCA doivent être évaluées individuellement : certaines peuvent recevoir un THM après chirurgie prophylactique.

Les contre-indications relatives (à discuter)

Ce sont les situations où un THM n’est pas forcément interdit, mais doit être évalué par un médecin qui maîtrise vraiment la ménopause :

  • hypertension mal contrôlée

  • hypercholestérolémie sévère

  • migraine avec aura

  • surpoids ou obésité importante

  • tabagisme actif

  • antécédent familial de thrombose

  • antécédent de maladie cardiovasculaire ancienne mais stabilisée

Dans ces cas, la voie transdermique change complètement la donne : elle contourne le foie, n’augmente pas la coagulation, et présente un profil bien plus sûr.

 

Cas particuliers : le THM peut rester une option

Certaines femmes pensent ne “pas avoir droit” au THM alors que ce n’est pas exact.
Par exemple :

  • Dépression ou anxiété → pas une contre-indication. Le THM peut même aider si les symptômes sont liés au déficit œstrogénique.

  • Diabète équilibré → THM possible, avec surveillance.

  • Antécédent de cancer non hormonodépendant → à évaluer mais souvent compatible.

  • Maladies auto-immunes (thyroïde, Hashimoto, lupus léger) → situation à évaluer, mais pas un refus systématique.
     

Le cas particulier de l’utérus

  • Si vous avez un utérus : il faut prendre une progestérone associée.

  • Si vous n’avez plus d’utérus : les œstrogènes seuls suffisent à priori, et le risque de cancer de l’endomètre disparaît.

8. LES EXAMENS DEMANDÉS AVANT UN THM

Avant de proposer un traitement hormonal, le médecin vérifie toujours quelques points clés afin de s’assurer que le traitement est adapté à votre situation.
Ces examens ne sont pas systématiques : ils dépendent de votre âge, de vos symptômes, de votre histoire médicale et de vos facteurs de risque.

L’objectif n’est pas de “chercher un problème”, mais de garantir que le traitement sera donné dans les meilleures conditions de sécurité et d’efficacité.
 

Bilan sanguin (le plus courant)

Il permet de faire le point sur les paramètres essentiels :

  • glycémie et éventuellement HbA1c

  • cholestérol (HDL, LDL, triglycérides)

  • fonction hépatique

  • fonction rénale

  • ferritine

  • vitamine D

  • TSH (et parfois T3/T4 si suspicion de trouble thyroïdien)

Ces éléments guident le choix de la forme (gel, patch, voie orale) et le dosage du traitement.
 

Examens gynécologiques

  • Mammographie à jour, indispensable après 50 ans

  • Échographie mammaire, si seins denses ou antécédents familiaux

  • Frottis cervico-vaginal, selon le suivi recommandé

  • Échographie pelvienne, en cas de saignements irréguliers, douleurs, fibromes ou doute sur l’endomètre

Ces examens permettent de partir sur une base claire avant d’introduire les hormones.
 

Évaluation cardiovasculaire

  • mesure de la tension artérielle

  • ECG, si facteurs de risque cardiovasculaire, palpitations, ou simplement au-delà d’un certain âge

  • calcul éventuel d’un score de risque

Ces données orientent vers la forme la plus sécurisée du traitement (transdermique dans la majorité des cas).


Évaluation osseuse (si nécessaire)

  • Ostéodensitométrie si ménopause précoce, antécédents familiaux, fractures, IMC bas ou facteurs de risque d’ostéoporose.


Autres explorations selon vos symptômes

  • ECBU en cas de brûlures urinaires ou infections répétées

  • bilan tensionnel si maux de tête, prise de poids rapide ou palpitations

  • orientation vers un spécialiste (cardiologue, endocrinologue, sénologue…) si le profil le justifie

Ces examens ne sont pas là pour allonger le parcours, mais pour permettre un traitement hormonal précis, personnalisé et vraiment efficace.

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LES QUESTIONS FRÉQUENTES

Le THM fait-il grossir ?

Au bout de combien de temps fait-il effet ?

Peut-on arrêter le THM du jour au lendemain ?

Non. Il peut modifier la rétention d’eau et l’appétit selon les dosages, mais il ne fabrique pas de graisse.
En stabilisant le sommeil, en diminuant l’inflammation et en améliorant la sensibilité à l’insuline, il peut même freiner la prise de poids progressive observée autour de la quarantaine. On ne l’utilise pas pour maigrir, mais pour restaurer un terrain métabolique plus cohérent.
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Les bouffées de chaleur peuvent s’améliorer en quelques jours, parfois 2 à 4 semaines. Le sommeil se stabilise souvent entre 2 et 6 semaines. Les douleurs articulaires mettent 4 à 12 semaines.
La peau demande plusieurs semaines ou plusieurs mois pour se régénérer.

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Oui, techniquement.
Mais un arrêt progressif est souvent plus confortable, surtout si vous étiez bien équilibrée.
L’arrêt brutal peut faire revenir certains symptômes transitoirement.
C’est à discuter avec votre médecin selon votre tolérance et vos objectifs.

Combien de temps peut-on prendre un THM ?

Il n’existe pas de durée maximale définie. On utilise la dose minimale efficace, aussi longtemps qu’elle apporte un bénéfice et reste bien tolérée. Le traitement est réévalué régulièrement, en particulier au bout de cinq ans, mais ce n’est pas une limite fixe.

Que faire si mes symptômes ne s’améliorent pas ?

Il faut souvent ajuster la dose ou la forme du traitement. Un gel peut être remplacé par un patch, un patch par un spray, une progestérone peut être modifiée. L’important est de suivre l’évolution des symptômes pendant 4 à 8 semaines avant de changer quoi que ce soit. Le journal de symptômes est précieux pour guider ces ajustements.
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Le THM augmente-t-il le risque de cancer du sein ?

Pour cinq ans de traitement combiné, on ajoute environ deux à trois cancers supplémentaires pour 1 000 femmes. Le risque revient au niveau de base dans les deux à cinq ans qui suivent l’arrêt. Les bénéfices sur la qualité de vie peuvent largement compenser ce risque dans les bonnes indications.
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La progestérone donne-t-elle des effets secondaires ?

La progestérone bio-identique (Utrogestan) est souvent mieux tolérée que les progestatifs de synthèse. Elle peut donner de la somnolence, d’où la prise le soir, et parfois de petits saignements lors de l’ajustement. Si les effets secondaires sont gênants, il existe d’autres schémas ou formes à tester.

Puis-je prendre un THM si j’ai des antécédents familiaux de cancer ?

Les antécédents familiaux ne sont pas une contre-indication en soi.
L’évaluation se fait individuellement en fonction du type de cancer présent dans la famille et de vos propres facteurs de risque.
Dans certains cas, le THM reste une option parfaitement valable.

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Le THM aide-t-il en terme de santé mentale ?

Il peut améliorer certains symptômes émotionnels directement liés à la chute des œstrogènes qui influencent plusieurs neurotransmetteurs impliqués dans la régulation de l’humeur ainsi que l’activité de certaines zones du cerveau qui gèrent le stress et la stabilité émotionnelle. Lorsque les niveaux hormonaux chutent, beaucoup de femmes décrivent une irritabilité / vulnérabilité ou une anxiété fluctuante, sans compter la sensation de « brouillard mental ». Dans ces cas-là, un THM bien dosé peut réduire ces fluctuations. En revanche, le THM ne traite pas une dépression installée.

 Bravo, vous savez tout sur le THM.
Et après ?

Après, vous n'êtes pas censée savoir naviguer seule dans "tout ça". 
Comprendre son corps, faire le tri dans les informations, préparer ses consultations médicales, gérer l'alimentation, le sport, les émotions... Au moment de la péri/ménopause, on se retrouve avec une liste longue comme le bras de choses qu'on devrait mettre en place pour bien passer ce cap. Et plus la liste s'allonge, plus l'ensemble nous parait insurmontable. 

Ça vous dit, on fait le point ensemble ? 

→ 30 minutes pour analyser vos symptômes, vos besoins, vos objectifs
→ Un éclairage clair et structuré, adapté à votre profil
→ Des pistes concrètes pour organiser la suite

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Bien sûr, vous pouvez me poser vos questions juste ici

Toutes les sources

Le contenu de cette page s’appuie sur les recommandations des sociétés savantes internationales et sur les principales études cliniques consacrées au traitement hormonal de la ménopause (THM).

Recommandations officielles

  • NAMS – North American Menopause Society (2022)
    Hormone Therapy Position Statement
    https://www.menopause.org/docs/default-source/professional/nams-2022-hormone-therapy-position-statement.pdf

  • EMAS – European Menopause and Andropause Society (2023)
    Clinical Guide on Menopause Management
    https://emas-online.org/emas-clinical-guides/

  • IMS – International Menopause Society (2023)
    Global Consensus Statement on Menopausal Hormone Therapy
    https://www.imsociety.org/2023/03/09/global-consensus-on-menopausal-hormone-therapy/

  • GEMVi – Groupe d’Étude sur la Ménopause et le Vieillissement hormonal (France, 2020)
    Recommandations françaises sur le THM
    https://www.gemvi.org/sites/default/files/recommandations-thm-gemvi.pdf

Sécurité du THM & réanalyses de la WHI

Voie transdermique & risque veineux

Fenêtre d’intervention cardiovasculaire

Peau, os, métabolisme & physiologie hormonale

  • Brincat M., Climacteric – Peau & œstrogènes
    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16390743/

  • Cauley JA., Endocrine Reviews – Os & densité osseuse
    https://academic.oup.com/edrv/article/42/3/281/5864134

  • Santoro N., JCEM – Physiologie de la périménopause
    https://academic.oup.com/jcem/article/101/4/1134/2804621

Évolutions réglementaires (États-Unis)

  • FDA – Menopause Hormone Therapy: Safety & Labeling Updates (2025)
    https://www.fda.gov/drugs/drug-safety-and-availability/information-menopause-hormone-therapy

Ventilo Care
Cet espace a été imaginé pour permettre aux femmes de comprendre leur transition hormonale, et à naviguer dans les méandres de la péri/ménopause avec davantage de clarté. Les informations publiées ici sont relues par un médecin, néanmoins elles ne remplacent jamais une consultation. Nous avons chacune notre parcours unique : discutez toujours de vos choix de santé avec un·e professionnel·le qualifié·e.

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