Ménopause : les questions cons qu’on n’ose jamais poser (et leurs vraies réponses) – Partie 2
- Floriane

- 3 oct.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 oct.
On dit souvent qu’il n’y a pas de question idiote. Pourtant, dès qu’il s’agit de ménopause, on nous fait croire que certaines interrogations sont trop bêtes pour être posées. Comme si, passé 45 ans, on devait comprendre tout ça par osmose, en silence, et surtout sans jamais interroger ce qui se passe vraiment dans notre corps.
Sauf que ce sont souvent ces questions-là qui ouvrent les portes vers des réponses utiles, concrètes, et parfois même libératrices. Pour découvrir la première partie, c'est par ici !
1. Est-ce que le fait d’avoir eu des enfants change quelque chose à l’âge de la ménopause ?

“Si j’ai eu trois enfants, je vais être en ménopause plus tard, non ?” Comme souvent, la vérité est un peu plus nuancée que ça.
Pendant la grossesse et l’allaitement, les ovaires sont mis au repos : ils arrêtent d’ovuler et ne fonctionnent plus selon le cycle habituel. En théorie, ça pourrait donc “préserver” la réserve ovarienne, puisque on utilise moins d’ovocytes. Résultat : certaines études montrent que les femmes ayant eu plusieurs grossesses ont parfois une ménopause légèrement plus tardive.
Le mot-clé ici, c’est “légèrement”. On parle de quelques mois, voire un an au maximum. Car en réalité, le facteur déterminant reste la génétique : l’âge auquel notre mère, grand-mère ou nos sœurs ont été ménopausées est souvent un indicateur bien plus fiable que le nombre d’enfants.
D’autres éléments influencent aussi cette horloge biologique :
Le tabac, qui peut avancer la ménopause de plusieurs années.
Certaines maladies auto-immunes.
Des traitements médicaux lourds.
Ou encore des facteurs environnementaux, comme l’exposition chronique aux perturbateurs endocriniens.
👉 Donc : avoir des enfants ou pas ou plein n’a pas d’effet majeur mesuré à date sur l’âge de la ménopause. C’est une petite variable dans une équation dominée par la génétique, le mode de vie et la santé globale.
2. Est-ce que la contraception peut “cacher” ou retarder la ménopause ?

Beaucoup de femmes pensent que tant qu’elles prennent la pilule, elles “repoussent” la ménopause. En réalité, la pilule ne change absolument rien à l’âge où elle survient. Elle masque simplement les signaux qui permettraient de s’en rendre compte.
Pourquoi ? Parce que les hormones qu’elle délivre artificiellement maintiennent des cycles et des “règles” de substitution, même si les ovaires, eux, sont déjà en train de ralentir. Résultat : il est tout à fait possible d’être ménopausée sans le savoir, tant que l’on est sous contraception hormonale.
Certaines femmes découvrent ainsi leur ménopause… au moment d’arrêter la pilule, parfois plusieurs années après que le processus naturel a commencé. Et ce décalage peut être source de confusion, voire de frustration : “Je croyais que j’avais encore du temps, et en fait non.”
👉 Le bon réflexe, si l’on approche de la cinquantaine et que l’on est toujours sous contraception hormonale, c’est d’en parler avec son ou sa gynécologue. Un dosage de l’AMH peut donner une idée de la réserve ovarienne restante. Ce n’est pas un test magique, mais c’est un indicateur utile pour anticiper la suite.
3. Pourquoi la peau change-t-elle autant (sécheresse, relâchement, perte d’élasticité) ?

C’est souvent l’un des symptômes les plus visibles, lié à la chute hormonale.
Les œstrogènes jouent un rôle crucial dans l’équilibre de la peau :
Ils stimulent la production de collagène, qui lui donne sa fermeté.
Ils favorisent la synthèse d’acide hyaluronique, qui maintient l’hydratation.
Ils participent à la bonne vascularisation de l’épiderme, donc à son éclat.
Quand ces hormones chutent à la ménopause, la peau perd en densité, en élasticité, en capacité à retenir l’eau. Elle devient plus fine, plus sèche, plus fragile. C’est aussi à ce moment-là qu’apparaissent parfois des rougeurs, de la rosacée, voire des sensations d’irritation.
Autre effet méconnu : la baisse des œstrogènes ralentit le renouvellement cellulaire. Résultat, la peau se régénère moins vite, ce qui accentue les signes de l’âge.
👉 Une routine adaptée (sérums hydratants, protection solaire, massage facial, soins pro-âge), une alimentation riche en antioxydants, et éventuellement un traitement hormonal bien dosé peuvent considérablement améliorer la qualité de la peau. Vous vous demandez à quoi diable peut ressembler cette routine ? Heureusement, j'y ai pensé pour vous, la voici juste ici !
4. Peut-on savoir à l’avance si l’on aura une ménopause “facile” ou “compliquée” ?

C’est LA question que tout le monde se pose, et la réponse courte, c’est : non, pas vraiment. Mais la réponse longue, c’est : on peut quand même avoir quelques indices.
Trois facteurs principaux permettent d’estimer comment le corps risque de réagir :
L’hérédité. Si la mère ou les sœurs ont traversé une ménopause explosive, il y a des chances que ce soit similaire.
Le mode de vie. Tabac, sédentarité, stress chronique, alimentation inflammatoire : tout cela augmente la probabilité d’une ménopause plus difficile.
Le terrain hormonal. Certaines femmes sont naturellement plus sensibles aux variations hormonales. Celles qui ont eu des cycles très irréguliers ou des syndromes prémenstruels forts ont parfois une ménopause plus intense.
Mais : à date, la science ne sait pas prédire l’intensité des symptômes. L’essentiel reste donc d’anticiper et de préparer le corps à traverser ce changement dans les meilleures conditions : activité physique, sommeil, alimentation, soutien médical, etc. dès 40 ans, et même avant !
5. Est-ce qu’une ménopause précoce veut dire que l’on va vieillir plus vite ?

Pas exactement. Une ménopause précoce (avant 45 ans) ou prématurée (avant 40 ans) ne fait pas “vieillir” les cellules plus vite. En revanche, elle modifie le contexte hormonal plus tôt, ce qui peut influencer certains aspects du vieillissement.
Les œstrogènes ont un rôle protecteur dans de nombreux systèmes :
Sur les os (densité minérale).
Sur le cœur (santé vasculaire).
Sur le cerveau (mémoire, humeur, cognition).
Sur la peau et les muqueuses.
Si ces hormones disparaissent plus tôt, ces systèmes se retrouvent exposés plus tôt. Résultat : le risque d’ostéoporose, de maladies cardiovasculaires ou de troubles cognitifs peut apparaître plus tôt si rien n’est fait.
👉 C’est pour cela que la ménopause précoce doit être prise très au sérieux médicalement. Un traitement hormonal substitutif est souvent recommandé jusqu’à l’âge """normal""" de la ménopause pour éviter ces risques. Là encore, la clé n’est pas de “lutter contre le vieillissement”, mais d’adapter la prévention à son horloge biologique.
6. Est-ce qu’il existe des différences selon les origines ethniques ?

Oui. Et si l’on en parle si peu, c’est parce que la recherche médicale elle-même a longtemps ignoré la diversité des expériences féminines.
Âge d’apparition : Des études américaines montrent des écarts significatifs :
Les femmes afro-américaines sont ménopausées en moyenne plus tôt (~49 ans).
Les femmes asiatiques un peu plus tard (~51,5 ans).
Les femmes blanches d’origine européenne autour de 51 ans.
Symptômes :
Les femmes afro-américaines signalent plus de bouffées de chaleur.
Les femmes latino-américaines rapportent plus de troubles du sommeil.
Les femmes asiatiques décrivent davantage de symptômes articulaires ou métaboliques.
Ces différences s’expliquent en partie par la génétique, mais aussi par des facteurs sociaux et environnementaux : alimentation, niveau de stress, accès aux soins, exposition aux polluants, etc.
👉 La ménopause n’est pas une expérience universelle. La science a encore du chemin à faire pour comprendre la diversité de ces parcours, ET pour adapter les soins à toutes les réalités, pas seulement à celle de la femme blanche occidentale.
Poser des questions "cons", c’est se réapproprier son corps
Même celles qui paraissent bêtes, c’est déjà commencer à reprendre le contrôle sur ce que l’on vit. Parce que la ménopause, ce n’est pas un mur qui se dresse soudain sur notre route : c’est un changement profond, physiologique, émotionnel et social, qui mérite d’être compris, anticipé et accompagné.
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Si cet article vous a éclairée, allez lire la partie 1 ici. Et si d’autres “questions cons” vous trottent dans la tête — même celles que vous n’oseriez jamais poser à votre gynéco venez les poser directement dans notre chat Ventilo. C’est justement fait pour ça.




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